tout d'abord, merci pour ton enthousiasme, bravo et bon courage pour ton entreprise. Le recrutement en Rails est difficile et je vais tenter d'expliquer un peu plus.
Pour faire court, Rails est très demandé et il faut vendre du rêve, surtout si tu n'as pas d'argent. C'est assez facile à comprendre une fois qu'on a le contexte. Sans me déclarer l'autorité suprême, évaluons :
- qui sont les devs RoR
- comment ils perçoivent les annonces
- comment les séduire
- et les freelance ?
- quelques pièges
Au final, le plus simple est sûrement de venir en discuter sur un événement Rails.
Encore merci, bon courage et bonne chance.
Tu as dans notre belle communauté beaucoup de :
- freelances, rarement prêts à (re)devenir "simples employés"
- associés, fondateurs, startuppers, rarement prêts à changer d'aventure
- développeurs Rails très contents de leur job, et rarement prêts à en changer
- et quelques âmes qui n'ont pas encore sauté le pas, qui souvent n'attendent que ça
Bref, recruter n'est pas impossible, mais il faut savoir passer les étapes éliminatoires : le contact et la "séduction".
Dans tous les cas, ils sont très courtisés et donc plus exigeants. Nous avons plusieurs contacts par semaine rien qu'avec LinkedIn, parfois de très belles opportunités à l'étranger.
De plus, nous avons plusieurs hubs de communication, et je pense qu'entre ce groupe, le site RailsFrance et le meetup ParisRB, tout le monde l'a vue passer plus d'une fois, accentuant l'effet de spam que certains peuvent percevoir.
Enfin, le mail est un moyen de communication qui ne permet pas l'interactivité et qui ne permet pas de voir les clés de communication non verbale. Autant l'email est parfait et efficace pour du factuel, autant il est rarement adapté pour de l'humain. On compare souvent la relation entre associés à un mariage (joies et peines, nuits blanches, compromis...), et si l'email peut servir pour la rencontre il faut très vite passer à un autre moyen pour partager les détails.
Au delà de la techno, Rubyistes et Railers sont recherchés car ils sont curieux et technophiles (sinon ils n'auraient pas été chercher Rails, ils auraient fait du Java). Dans leur veille, ils ont souvent inclus des choses sur la méthode de dev, de management et d'organisation. Les connaître, les utiliser et en parler à vos potentielles recrues vous assurera de monter dans leur liste comparé à d'autres boîtes.
Il y a une foule d'articles en anglais sur le sujet : la Silicon Valley connaît bien le problème de la pénurie chronique d'experts dans telle ou telle techno "désirable". En français, Camille et Matthieu des Human Coders ont fait quelques topos. Je ne suis pas 100% d'accord avec tout, mais c'est un excellent début et c'est mieux que je ne pourrais rédiger moi-même : http://blog.humancoders.com/post/19950154789/5-conseils-pour-seduire-un-bon-developpeur-avec-une http://blog.humancoders.com/post/24461610022/pourquoi-les-bons-developpeurs-ne-sont-ils-pas-sur http://blog.humancoders.com/post/24946215620/loffre-demploi-qui-fait-la-difference-les-avantages
Une piste rarement explorée est celle du freelance. Je ne le suis pas moi-même, mais si vous ne trouvez ni associé ni salarié, il faut bien trouver autre chose.
Si vous êtes sûr que votre projet est bien défini et fera vite de l'argent, pourquoi ne pas le montrer et prendre le risque ? Vous conserverez ainsi toutes les parts de votre entreprise.
Comme toujours, il y a tout le spectre de prix, de compétences, et d'offres. Du junior au senior, du front au back, de la sensibilité UX à l'expertise bas niveau, du "juste développeur" à celui qui prendra du temps pour donner son avis détaillé...
Vous venez déjà sur la communauté Rails parce qu'on vous a dit que ça livrait à la fin (miracle) et que ça prenait drastiquement moins de temps. Dépassez l'arnaque et la fascination du TJM et pensez TCO : si ça coûte plus cher au jour, prend bien moins de jours, vous êtes gagnant.
En tant que développeurs pragmatiques, nous aimons les choses abstraites, tout en étant fortement ancrés dans la réalité. Faisons un petit peu de fact-checking sur les points les plus souvent abordés.
Aucun de ces points n'est éliminatoire en soi, mais la communication autour est cruciale. Un seul sera rarement un obstacle, mais plusieurs d'un coup vous gagnera un auditoire méfiant. Avant tout, il faut vendre du rêve.
Aussi géniale soit-elle, votre idée n'est sûrement pas parfaite. Il faut en parler un max pour la confronter à la réalité. J'aime bien poser des questions simples : "comment faites-vous de l'argent ?" "pourquoi j'achèterais chez vous plutôt qu'un autre ?". Si vous le prenez mal ou si vous n'avez pas de réponse à ces questions, inquiétez vous.
Vous avez une idée géniale et vous y croyez. Tant mieux, sinon il ne faut pas entreprendre. Mais ce qui différencie les boîtes qui marchent des autres n'est pas l'idée mais l'éxécution. C'est pour ça qu'on parle tant de pivot (mauvaise idée, changer d'idée). Quand vous proposerez des parts à un développeur, il pensera souvent que, aussi bonne que soit votre idée, sans lui, vous n'avez simplement pas de produit donc pas d'argent. Qu'il ait tort ou raison n'est pas le souci : partir sur un pied d'inégalité en dit long sur votre relation face au développeur. Que feriez-vous dans le cas inverse ?
Souvent, s'il n'y a pas de concurrents, il n'y a pas d'argent. À l'inverse, il y a un business phénoménal en faisant des entreprises "copycat" qui imitent un succès.
En lisant ça, on entendra le plus souvent "je n'ai pas d'argent, et je n'ai aucune idée de quand ça rentrera". Prêt immobilier, prêt étudiant, conjoints, enfants... vous savez combien c'est dur d'entreprendre, alors pourquoi un développeur vous confierait son avenir ?
Les Rubyistes que je connais sont optimistes, créatifs et entreprenants, mais ils doivent manger. Rémunération en parts, nous commençons à en avoir vu beaucoup, et les nombres ne sont pas favorables. Un mix de salaire minimum et de parts est sûrement plus rassurant et approprié.
Les "business guys" sont nombreux à venir en croyant apporter toute la valeur et "je n'ai besoin que d'un dev". Ils ne connaissent pas le monde du développeur, et ne savent pas juger s'il est bon ou non, sur sa simple parole.
Le développeur, lui, est dans la situation inverse. Sans lui, pas de produit. Quelle est votre valeur ajoutée pour lui ? De même, il peut avoir une sensibilité pour les affaires ou le marketing, mais il ne sait pas forcément vous juger. Convainquez-le.
Ça fait un bon moment que j'essaie de formaliser ces conseils en restant clair et concis. Ce n'est pas encore parfait mais j'espère que le groupe RailsFrance m'aidera encore à mieux présenter tout ça. En espérant que ça vous soit utile, je vous souhaite encore bon courage et bonne chance.